Société chorale de Saint-Lambert : Comment nous vivons la pandémie

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Premier chœur centenaire au Québec, la Société chorale de Saint-Lambert a vu le jour en 1919, en pleine épidémie de grippe espagnole.  Récit d’un chœur résilient qui compte bien survivre à cette nouvelle pandémie!

Société chorale de Saint-Lambert : Comment nous vivons la pandémie 

Premier chœur centenaire au Québec, la Société chorale de Saint-Lambert a vu le jour en 1919, en pleine épidémie de grippe espagnole.  Récit d’un chœur résilient qui compte bien survivre à cette nouvelle pandémie!

 

D’abord, la stupéfaction

Quoi! Notre 101e saison allait se terminer comme ça, brutalement, le jeudi 12 mars? POUF! Ça ne se pouvait pas. Nous avions tellement de projets! Un concert printanier avec les Elora Singers, la 9e de Beethoven à la Maison symphonique en juin en compagnie de l’Orchestre classique de Montréal sous la direction de Boris Brott, reprise de la 9e avec l’OSM et Maestro Nagano en août, puis en octobre la Misatango à la Salle Pierre-Mercure de nouveau avec l’OCM. Il y avait aussi notre campagne de financement en cours… 

 

Rester unis

Le choc initial passé, que faire? Comment terminer cette étrange saison, comment rester unis et garder le cap malgré le chaos?  Notre chef, Xavier Brossard-Ménard, avait des idées et il a eu de bons réflexes. Il a rapidement produit des tutoriels virtuels sur les œuvres à venir. C’était nouveau pour lui et pour nous. Exploratoire, exigeant, mais cela assurait une continuité, un lien, un ancrage dont nous avions besoin.

 

ZOOM sur ZOOM

L’avenir à court terme passerait donc par le télétravail sur le web.  ZOOM s’est vite imposé dans nos vies.  Mais, ZOOM a ses limites! Excellente plateforme de discussion, elle nous permet d’échanger, mais pas de chanter ensemble. 

Le constat est cruel: nous sommes en plein 21e siècle, et la plateforme web idéale qui nous permettrait de chanter en chœur n’existe pas, elle est à inventer. Tout comme le vaccin…

 

Ces émouvantes vidéos sur le web

Pour fédérer les choristes en attendant le grand déconfinement, nous avons décidé nous aussi de faire un projet vidéo.  Nous avons choisi d’interpréter O Thou That Tellest Good Tidings to Zion , extrait du Messie de Haendel, que nous espérons toujours chanter au mois de décembre avec l’OCM et la superbe mezzo-soprano Rihab Chaieb.

 

On fait comment?

Les collègues et amis consultés nous ont dit qu’ils avaient consacré en moyenne 25 à 40 heures à la seule réalisation de ces petites capsules de 2 à 3 minutes! Beaucoup de travail de montage pour un court extrait chanté. Une opération longue, coûteuse et complexe qui n’est pas à la portée de tous les chœurs.

 

Y a-t-il un whizz-kid dans la salle?

Appel à tous: quelqu’un dans notre chœur sait comment faire? A les logiciels nécessaires? Le temps aussi?  Connaît quelqu’un qui pourrait nous aider? 

Un de nos choristes, Richard Harvey a pour ami un excellent réalisateur professionnel. C’est ainsi que Jean-Marc Létourneau est entré dans nos vies! Passionné de musique, il a travaillé à TVA, Musique Plus, Radio-Canada, Télé-Québec. Un pro qui allait faire un travail colossal!  

Il fallait d’abord adapter les tutoriels existants à nos besoins, préparer l’accompagnement audio avec notre pianiste-répétiteur (merci Ben Kwong!)  et nos chefs de pupitre, expliquer aux choristes la procédure d'enregistrement et d’envoi par WETRANSFER. Imaginer tous les pièges et trouver des solutions…

 

Garder le focus

On a répété, répété, répété ce tout petit extrait du Messie, dont on a décortiqué chaque note, chaque intention, etc.  Notre chef nous a tenus en haleine en nous parlant de l’œuvre, de l’époque, en nous offrant des partitions minutieusement annotées, des mini-cours privés si bien qu’on a fini par être prêts à enregistrer nos voix. 

 

Les conditions idéales 

L’heure de l’enregistrement arrive… Il faut avoir deux appareils en main: un cellulaire qui enregistre son et image, et une deuxième source qui nous envoie l'accompagnement dans un écouteur…

Une pièce lumineuse, pas de bruits de fond, pas d’écho, le bon angle, le bon cadrage, le bon moment, ne pas oublier le bip sonore du début pour être raccord… et surtout, pour ma part, attendre que les oiseaux qui font un bruyant tchouip tchouip quittent ce grand érable devant ma fenêtre…

 

Une leçon d’humilité

Une fois, deux fois, 20, 40, 60 fois sur le métier,  je l'avoue, j’ai remis moi aussi mon ouvrage... Le plaisir n’était pas exactement au rendez-vous.  C’est laborieux, contre-intuitif, le contraire de ce qu’on recherche en chœur.  Oublions la rondeur du son, la richesse des harmoniques, le plaisir physique.  L’enregistrement de ce solo est une leçon d’humilité. Bonjour l’autocritique!

Et puis le petit miracle advient.  Enfin la bonne prise, le bon angle, le bon son, l’éclairage adéquat. Cet exercice affolant donne finalement son fruit.  Au réalisateur maintenant de marier nos voix et nos images en 3D, question d’innover.

 

Joie

De nous entendre et de nous voir tous réunis dans cette vidéo m’a profondément émue, grisée même.  Que d’efforts individuels pour générer un moment de grâce. Que de travail technique pour un geste artistique qui nous transporte ailleurs et qui nous réunit malgré le confinement. 

En ces temps difficiles, même la plus petite parcelle de chant partagée est une vraie joie.

 

La suite ?

Comme tout le monde, nous attendons aujourd'hui les paramètres du déconfinement pour la pratique de notre art. L’avenir est incertain, mais il est certain que nous avons de l’avenir… et qu’il y aura une 102e saison pour la Société chorale de Saint-Lambert.

Pour visionner notre vidéo:
https://www.chorale-stlambert.qc.ca
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Louise Rousseau, soprano 1
Société chorale de Saint-Lambert

 

 

 

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